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La prise en compte des inégalités géographiques de mortalité par cancer constitue un enjeu majeur pour les politiques de lutte contre le cancer. Depuis 2006, l’étude CIRCE vise à identifier les inégalités environnementales mises en avant par les 1er et 2ème Plan National Santé Environnement. Elle regroupe aujourd’hui sept Observatoires Régionaux de Santé (Aquitaine, Bretagne, Ile-de-France, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Rhône-Alpes soutenus chacun par leur Conseil régional) et l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS).
Dans le cadre de ce travail, les disparités géographiques de la mortalité par cancer sont étudiées au niveau régional. En plus de l’ensemble des cancers, les localisations retenues sont les principales en termes de mortalité et celles pour lesquelles des facteurs de risques environnementaux sont évoqués : la lèvre, la cavité buccale et le pharynx ; l’oesophage ; le colon-rectum ; l’estomac ; le foie ; le pancréas ; le poumon ; la plèvre ; la prostate ; la vessie ; le sein ; l’ovaire ; le système nerveux central ; le lymphome non hodgkinien ; les leucémies.
L’objectif est, d’une part, évaluer, dans le cadre d’une étude écologique, la part des facteurs sociaux et environnementaux dans la répartition géographique des cancers, et d’autre part, réaliser un Système d’Information Géographique (SIG) dédié aux cancers et aux expositions environnementales.
La méthode utilisée repose sur une analyse géographique faite au niveau des «cantons-villes» de l’Insee. Les variations spatiales de la mortalité sont analysées en cartographiant l’Indice comparatif de mortalité (ICM), le rapport de mortalité basé sur la standardisation directe. L’objectif est de repérer les grandes tendances des variations spatiales de la mortalité. Afin d’atténuer les erreurs causées par les fluctuations aléatoires (« bruit statistique »), une méthode de lissage des indices de mortalité a été utilisée en tenant compte de l’information disponible dans le voisinage de chaque canton (méthode basée sur des estimateurs bayésiens empiriques locaux).
Dans le cadre de sa participation au projet CIRCE, l’ORS Rhône-Alpes a produit deux atlas de la mortalité par cancer en Rhône-Alpes selon la même méthodologie sur deux décennies distinctes : 1991-1999 et 2000-2009. Ces documents permettent une bonne appréciation des variations de la mortalité cancéreuse dans la région et de ses évolutions.
La majorité des localisations cancéreuses étudiées présentent une hétérogénéité statistiquement significative de la mortalité au niveau cantonal, c’est à dire une dispersion jugée trop importante pour être associée à un simple phénomène aléatoire. Cette hétérogénéité s’observe tout particulièrement chez les hommes, dans le cas des localisations cancéreuses pour lesquelles les consommations d’alcool et de tabac ainsi que certaines expositions professionnelles constituent des facteurs de risque avérés : poumon, voies aérodigestives supérieures, foie, plèvre, vessie. D’une manière générale, ces contrastes ont tendance à diminuer entre les deux périodes.
En 2013, une plaquette synthétique de huit pages et un poster ont aussi été publiés.
Les prochains travaux vont prendre en compte les caractéristiques sociodémographiques des territoires et croiser des données sanitaires et des données d’exposition environnementale. Des travaux d’investigation seront réalisés dans le cadre d’une approche qualitative pour rendre compte de la perception et des attentes des habitants et des acteurs de santé sur certains territoires identifiés. Enfin, un élargissement de la méthodologie à d’autres pathologies (maladies cardio-vasculaires ou respiratoires) et à d’autres problématiques explorant d’autres sources (données d’hospitalisation, admissions en ALD, registre des malformations) est aussi envisagé. Un site internet spécifique au projet Circé devrait aussi être réalisé avec accès à de nombreuses cartes sanitaires et d’exposition environnementale.